L'AFNOR (organisme national de normalisation), vient de publier le 02 avril une nouvelle norme de clavier pour faciliter l’écriture du français. Cette norme a pour objectif de gagner en ergonomie et d’écrire plus facilement le français ainsi que les langues régionales et européennes. Le clavier « azerty », qui tire son nom des six premières touches alphabétiques du clavier présénte des failles. Par exemple, écrire les majuscules sans accents est incorrect, ou l'impossibilité de trouver certains caractères répandus dans la langue française comme des ligatures « e dans l’a » pour « et cætera », du « e dans l’o » de « œuf ». D’autres caractères sont difficilement accessibles ou absents, selon les systèmes d’exploitation. C’est le cas par exemple pour le [é] et le [ç] majuscules.
Même si l’apprentissage d’un point de vue « métier » n’est plus d’actualité, la saisie au clavier fait désormais partie des nouveaux programmes pour l’école primaire.
Au cycle 1 :
À partir de la moyenne section, et régulièrement en grande section, l’enseignant explique la correspondance des trois écritures (cursive, script, capitales). Les enfants s’exercent à des transcriptions de mots, phrases, courts textes connus, à leur saisie sur ordinateur. Travaillant alors en binôme, ils apprennent nombre de relations entre l’oral et l’écrit : un enfant nomme les lettres et montre, le second cherche sur le clavier, ils vérifient ensemble sur l’écran, puis sur la version imprimée.
Au cycle 3 :
Au cycle 3, l’entrainement à l’écriture cursive se poursuit, de manière à s’assurer que chaque élève a automatisé les gestes de l’écriture et gagne en rapidité et efficacité. Parallèlement, l’usage du clavier et du traitement de texte fait l’objet d’un apprentissage plus méthodique au myen, par exemple, de traitements de textes collaboratifs.
Les limites imposées par les claviers « azerty » actuels
Accents et point médian
Les claviers « azerty » actuels limitent aussi la saisie des langues régionales. Or, en occitan, il doit être possible d’ajouter des accents graves et aigus à toutes les voyelles, chose difficile aujourd’hui avec un clavier de base ; en catalan, le point médian doit être accessible ; le breton et le corse requièrent l’usage du n tilde… Dans un contexte d’ouverture européenne, il devenait donc urgent de faciliter l’écriture des langues en alphabet latin : l’eszett en allemand, le tilde en castillan ou portugais, les points d’interrogations ou d’exclamation inversés, le O barré pour le danois et le norvégien…
La disposition du clavier dite « azerty », qui tire son nom des six premières touches alphabétiques du clavier, est une variante de la disposition « qwerty », mondialement répandue et brevetée en 1868 pour les machines à écrire. Cette disposition a été imaginée de telle sorte que les marteaux de la machine actionnés par les touches auxquelles ils sont reliés puissent frapper le ruban d’encre tour à tour sans se bloquer, à la saisie de n’importe quel mot, que ce mot soit composé de lettres proches ou éloignées.
Bien que la disposition « azerty » du clavier ne soit utilisée qu’en France et partiellement en Belgique, et dans certains pays d’Afrique, elle ne faisait jusqu’à présent l’objet d’aucune norme volontaire. Il existe, de ce fait, une grande diversité des claviers : selon que l’on utilise tel ou tel système d’exploitation et selon le fabricant du clavier, certaines touches ne sont pas disponibles au même endroit, ou bien ne sont pas disponibles du tout. Les symboles @ (arobase) ou encore € (euro), pourtant très utilisés, sont deux exemples. Les touches permettant d’y accéder pouvant être placées à divers endroits, souvent à l’aide d’une double commande.
L’accentuation des majuscules
La difficulté la plus récurrente rencontrée sur les claviers actuels concerne l’usage des caractères accentués, et en particulier des caractères accentués en majuscule. En effet, selon les différents matériels et logiciels utilisés, l’utilisation de capitales accentuées sera difficile, voire impossible.
Sur un ordinateur équipé de système Windows, il est par exemple possible de saisir une majuscule avec un accent grave en utilisant le raccourci AltGr-7 suivi de la lettre majuscule à accentuer, ce qui demande déjà une certaine gymnastique, mais il n’y a point de salut pour les accents aigus sur les majuscules. Sur un ordinateur équipé de systèmes Mac ou Linux, les utilisateurs habitués sauront qu’en verrouillant au préalable le clavier en majuscules au moyen de la touche « Verr. Maj.» ou « Caps lock », puis en saisissant au clavier une lettre accentuée qui dispose d’une touche sur le clavier, ce qui est le cas du [à ] ou encore du [é], on obtient respectivement un [À] et un [É]. Mais cette fonctionnalité qui n’est inscrite nulle part sur le clavier est inconnue de la majorité des utilisateurs.
Ces limitations matérielles ont même conduit certains de nos concitoyens à penser que l’on ne devait pas accentuer les majuscules, confortés, même, par certains services de l’État (INSEE, État civil…) qui jusqu’à encore récemment renseignaient les bases administratives françaises en majuscules et sans aucun accent. Pourtant, il est important de rappeler qu’en langue française, l’accentuation est absolument indispensable pour comprendre, à l’écrit, le sens d’une phrase ou d’une expression.
Ces constats, partagés en 2015 par la délégation générale à la langue française et aux langues de France (ministère de la Culture), ont motivé le lancement d’un projet confié à AFNOR : réunir les parties prenantes à même de définir des dispositions optimales pour écrire plus facilement avec un clavier. Difficulté dans la difficulté : en l’absence de modèle « azerty » de référence, les modèles varient d’un fabricant de clavier à l’autre, d’un système d’exploitation informatique à l’autre. Les symboles @ et €, par exemple, ne sont pas toujours disponibles au même endroit.
Augmenter les capacités d’écriture
Après plus de trois ans de travail et une enquête publique qui a recueilli des milliers de commentaires consolidés dans le document final, AFNOR publie aujourd’hui le résultat de ce projet collectif : une norme, d’application volontaire, qui répond à l’ensemble des problématiques identifiées en livrant un cahier des charges aux éditeurs de systèmes d’exploitation et aux fabricants de clavier pour ajuster, sans révolutionner, les claviers français. Référencée « NF Z71-300 », la norme volontaire propose des dispositions de caractères et les règles de gravure permettant de matérialiser les caractères et symboles.
Un « azerty » optimisé
La norme NF Z71-300 propose deux modèles de claviers, offrant chacun les mêmes possibilités d’écriture, mais orientés vers des publics et des usages différents. Le premier est un modèle d’« azerty » optimisé. Les 26 lettres de l’alphabet et les chiffres ne changent pas de place, contrairement à certains autres signes tels que certaines voyelles accentuées, l’arobase, la ponctuation, le dièse (hashtag), les symboles monétaires, les accolades…. Les utilisateurs intéressés pourront donc facilement intégrer ces évolutions.
Modèle de clavier « azerty » optimisé
NB : l’illustration ne montre que les caractères visibles sur le clavier ; d’autres caractères sont disponibles avec des combinaisons de touches.
Le deuxième modèle proposé, dit « bépo », est quant à lui déjà couramment utilisé au sein d‘une communauté d’adeptes. Le projet a été l’occasion d’augmenter les possibilités offertes via les touches mortes, et n’ont pas d’impact sur les gravures de touches. Ce modèle est aujourd’hui reconnu comme proposant la disposition la plus ergonomique et efficace possible pour la saisie du français et d’autres langues à alphabet latin, mais aussi pour la programmation.
Modèle de clavier « bépo »
NB : l’illustration ne montre que les caractères visibles sur le clavier ; d’autres caractères sont disponibles avec des combinaisons de touches
Qui peut utiliser la norme et comment ?
La norme sur le clavier français n’étant pas une loi, elle n’oblige personne à quoi que ce soit. C’est un document d’application volontaire, comme toutes les normes élaborées via AFNOR.
Les éditeurs de logiciels ou de systèmes d’exploitation et les fabricants de claviers sont les premiers publics concernés. Ils peuvent acheter la norme et décider, ou non, de s’y conformer pour produire des nouveaux modèles de claviers si ce marché représente un intérêt pour leur développement. Les entreprises et les administrations peuvent également décider d’équiper leurs salariés ou leurs agents de claviers optimisés et donc faire de ce document une condition pour répondre à un appel d’offres. Dans ce cas, ce sera à l’employeur d’indiquer la marche à suivre (laisser le choix à chaque salarié ou agent d’adopter le nouveau clavier, de conserver le clavier « ancien modèle »…).
Les consommateurs peuvent acheter les nouveaux claviers optimisés selon la norme, s’ils pensent qu’ils peuvent augmenter leurs capacités d’écriture. On peut présager que les claviers normalisés seront commercialisés dans la même fourchette de prix que les claviers actuels, soit entre 5 et 20 euros pour les modèles basiques.
Ils peuvent bien heureusement conserver leurs claviers actuels s’ils le souhaitent, qui resteront fonctionnels.
Plus d'informations sur : https://normalisation.afnor.org/actualites/faq-clavier-francais/